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Les brèves critiques de la rentrée littéraire : Eric Alary, Adrien Borne, G. K. Chesterton, Arturo Pérez-Reverte…

Huit romans, un essai d’histoire, une anthologie… Voici les brèves critiques de dix ouvrages notables de la rentrée littéraire en cette trente-quatrième semaine de l’année.
Roger a eu droit à une dérogation : il a arrêté l’école à 13 ans, un an avant l’âge légal, pour pouvoir travailler à la mine, comme son père, comme son frère aîné. Il est filmé en 1958, dans un reportage sur la vie d’une famille du nord de la France. Il a 15 ans. L’année suivante, la scolarité obligatoire est prolongée jusqu’à 16 ans. Bientôt, les mines s’effacent du paysage. Encore un peu de temps, et l’idée de donner une dérogation à un garçon pour qu’il se mette au travail paraît pour le moins incongrue.
A quoi aurait ressemblé le destin de Roger, s’il était né vingt ans plus tard ? Qu’ont connu ses enfants, s’il en a eu ? Le XXe siècle, en France comme ailleurs, est le temps des métamorphoses. De la Belle Epoque à l’apparition d’Internet, guerres mondiales, bouleversements économiques, ­technologiques, sociaux, culturels changent la texture même de la vie des gens avec une rapidité et une ampleur inédites.
C’est ce versant intime du siècle qu’explorent les cinq historiens réunis dans ce collectif, à toutes les échelles, de l’analyse statistique et anthropologique à la vignette sur un individu plus ou moins anonyme – l’enfance du futur cardinal Yves Congar pendant la Grande Guerre, un gendarme sous l’Occupation, une écolière, une Parisienne arpentant les rues de la ville pendant une grève des transports… Et Roger dans son paysage de terrils, figure d’un des mondes disparus que rassemble cette captivante archive du devenir français. Fl. Go
« Histoire de la vie quotidienne des Français au XXe siècle », sous la direction d’Eric Alary, Nouveau Monde, 324 p., 24,90 €.
C’est par un mystère que débute le premier roman de Ruben Barrouk. Quel est ce bruit qui perturbe la solitude de la grand-mère du narrateur, dans son quartier du Guéliz, à Marrakech (Maroc) ? Pour le découvrir, le jeune homme se rend sur place, avec sa mère. Ils s’engagent alors dans une déambulation à travers les lieux symboliques de l’histoire de la communauté juive de la ville. Guidés par leur aïeule fantasque et touchante, ils visitent ainsi le Mellah (vieux quartier juif de la ville) et le cimetière juif de Miaara. Pour le petit-fils, cette quête est aussi l’occasion de redécouvrir des traditions et des rites en observant les gestes de sa grand-mère. Par sa prose riche de visions oniriques et de références bibliques, l’auteur rend un vibrant hommage à cette femme, fragile gardienne d’une mémoire collective. H. Du.
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